La concentration en radon : un indicateur de dangerosité partiel
La concentration en radon dans un bâtiment permet d’objectiver le risque d’exposition au radon mais ne permet pas seul de déterminer le risque réel pour le personnel qui y travaille. Il faut pour cela pour déterminer le temps passé dans un espace donné.
Par exemple, un rapport d’analyse fait mention d’une concentration moyenne de :
- 400 Bq/m³ dans une pièce A (salle de réunion)
- 200 Bq/m³ dans une pièce B (Bureau du directeur)
A la réception du rapport, les efforts vont probablement se focaliser sur la pièce A au détriment de la pièce B, d’autant plus que le seuil de 300 Bq/m³ est dépassé. Or, il se trouve que la pièce A est une salle de réunion qui n’est jamais occupée par le même personnel plus de 2h par jour alors que le bureau du directeur l’est au moins 8h par jour.
Alors certes, la concentration en radon est 2 fois plus importante dans la pièce A. Cependant, le temps passé dans la pièce B est 4 fois plus important que le temps passé dans la pièce A. En conséquence, l’exposition au radon du directeur occupant la pièce B est finalement deux fois plus importante que celle des travailleurs amenés à fréquenter la pièce A.
Afin d’évaluer la dose reçue par les travailleurs, il faut donc prendre en compte la concentration en radon, le temps passé mais également un paramètre que l’on nomme coefficient de dose qui permet de convertir une concentration en dose efficace personnelle.
Le coefficient de dose, un élément essentiel du calcul de la dose efficace
La dose efficace en radon correspond à la dose de rayonnement ionisant issu du radon que reçoit une personne sur une période donnée. Le code du travail en la matière impose de ne pas dépasser 6mSv par an et par travailleur exposé au risque radon. Raison pour laquelle l’évaluation de la dose efficace se fait sur une année selon la formule suivante :
E (mSv/an) = C (Bq/m3) x T (h/an) x CD (mSv par Bq.h.m-3)
- C = La concentration en radon mesurable à l’aide de détecteurs passifs spécifiques
- T = le temps d’exposition du travailleur
- CD = Le coefficient de dose :
CD = EAPradon (J.Bq-1) x F x FC (Sv par J.h.m-3)
- EAPradon = L’Energie Alpha Potentielle du radon est une valeur qui vise à déterminer l’énergie totale émise par le radon et ses descendants à vie courte. C’est une constante.
- F = Le facteur F qui vient pondérer le coefficient de dose selon le degré de ventilation de l’environnement. Ce dernier varie entre 0.2 et 0.8.
- FC = Le facteur de conversion qui est une constante définie nationalement par arrêté selon le type de travailleur. Depuis le 1er janvier 2024, date d’entrée en vigueur de l’arrêté du 16 novembre 2023 il est passé de 1,4 J.h.m-3 à 3 ou 6 selon les types de travailleurs.
En augmentant le facteur de conversion (en application des recommandations de la CIPR137) de 1,4 J.h.m-3 à 3 ou 6 J.h.m-3, on réduit donc mécaniquement par 2 ou par 4 le seuil d’exposition au radon d’un travailleur donné par rapport à la situation d’avant 2024.
Concentration en radon maximale pour atteindre 6mSv/an pour un travailleur sédentaire évoluant 2000h dans un ERT (facteur F de 0.4) |
Concentration en radon maximale pour atteindre 6mSv/an pour un travailleur non sédentaire évoluant 2000h dans un ERT (facteur F de 0.4) |
Avant le 01/01/2024 : 964 Bq/m3 |
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Après le 01/01/2024 : 450 Bq/m3 |
Après le 01/01/2024 : 225 Bq/m3 |
L’impact de l’arrêté du 16 novembre 2023 sur l’avenir de la profession
Aujourd’hui, il est nécessaire selon le code du travail de procéder à l’évaluation dosimétrique des travailleurs dès lors que la mesure de dépistage initiale dépasse 300 Bq/m³ et qu’il est impossible d’abaisser cette concentration.
Or, on s’aperçoit que dans certains cas, la limite de dose efficace admissible réglementairement (6mSv/an) est atteinte lorsque les travailleurs évoluent dans un environnement où l’on retrouve 225 Bq/m³, soit une valeur inférieure au niveau de référence.
En d’autres termes, la modification du facteur de conversion va très probablement entrainer des discussions en vue de réajuster le niveau de référence à un niveau inférieur à ce qu’il est aujourd’hui. Entrainant par conséquent de nombreux établissements autrefois conformes vis-à-vis du niveau de référence actuel dans des démarches de réduction des niveaux de radon.