Réunis le 24 septembre 2025 à Bruges près de Bordeaux à l’occasion de la conférence organisée conjointement par FIMEA Nouvelle Aquitaine et l’AICVF et animée par Thomas Chauvin, président de FIMEA Nouvelle Aquitaine, experts, médecins et industriels ont attiré l’attention sur un thème majeur de la qualité des environnements intérieurs : les moisissures.
Taches verdâtres sur un mur, odeur de renfermé, toux persistante : les moisissures sont devenues les invitées indésirables de nombreux environnements intérieurs. Dans un contexte où l’isolation des logements s’intensifie et où l’humidité gagne du terrain, ces champignons microscopiques, à l’instar du radon s’imposent comme un véritable enjeu de santé publique.
A la lumière des présentations et des échangés entendus lors de la conférence, radon et moisissures semblent plus proches que ce qu’on ne pense.
Radon et moisissures : deux menaces invisibles qui respirent dans nos murs
Dans le silence des habitations et des environnements intérieurs, certaines menaces se faufilent sans bruit. Elles n’ont ni odeur ni couleur, mais leurs effets sur la santé sont bien réels. Le radon et les moisissures font partie de ces ennemis invisibles de la qualité de l’air intérieur. L’un est un gaz radioactif venu du sous-sol, l’autre un organisme vivant microscopique. Tout semble les opposer, et pourtant, leurs chemins se croisent souvent dans les mêmes environnements.
Deux origines différentes, un même danger : l’air que nous respirons
Le radon naît de la désintégration naturelle de l’uranium présent dans certaines roches et sols. Il s’infiltre dans les maisons par les fissures, les canalisations ou les joints du plancher. Incolore, inodore et insipide, il se concentre dans les espaces clos et mal ventilés.
Les moisissures, quant à elles, proviennent d’un excès d’humidité. Ces champignons microscopiques se développent sur les murs, les plafonds ou derrière les meubles lorsque la ventilation est insuffisante ou que des infiltrations d’eau persistent. Contrairement au radon, elles sont visibles, parfois accompagnées d’odeurs de renfermé, et leurs spores peuvent irriter voies respiratoires et système immunitaire.
Deux origines donc : la terre pour le radon, l’humidité pour les moisissures. Mais un même vecteur : l’air intérieur. Et c’est bien là que leurs effets se conjuguent.
Des impacts sur la santé qui se renforcent
Les études sont formelles : le radon est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabac. Les particules radioactives qu’il libère se déposent dans les poumons, où elles endommagent les cellules au fil du temps.
Les moisissures, elles, provoquent irritations, allergies et troubles respiratoires. Pour les personnes asthmatiques ou immunodéprimées, leur présence peut devenir un véritable enfer.
Mais là où le lien devient inquiétant, c’est que les environnements favorables au radon le sont souvent aussi pour les moisissures : maisons anciennes, caves mal ventilées, zones humides, bâtiments mal isolés. Un air stagnant, une ventilation défaillante — et les deux trouvent leur terrain de jeu.
Une relation indirecte, mais redoutable
Si radon et moisissures n’ont aucun lien chimique ou biologique, ils partagent une même logique physique : celle du confinement. Un habitat étanche, conçu pour économiser l’énergie, peut aussi retenir le radon et l’humidité. En voulant mieux isoler nos maisons, nous avons parfois piégé ce qui devait circuler : l’air.
Ainsi, l’absence de ventilation mécanique contrôlée (VMC) ou un renouvellement d’air insuffisant favorisent à la fois l’accumulation du radon et la croissance des moisissures. La frontière entre la qualité de l’air et la performance énergétique devient alors un fragile équilibre.
Prévenir plutôt que guérir
La solution est double, mais cohérente : mesurer et ventiler.
Mesurer le radon grâce à des détecteurs adaptés permet de connaître les niveaux d’exposition. En parallèle, maintenir un taux d’humidité inférieur à 60 % et assurer une aération efficace réduit le risque de moisissures.
Dans certains cas, des travaux de dépressurisation du sol ou d’amélioration du drainage peuvent être nécessaires. Mais la clé reste la même : un air qui circule est un air plus sain.
Un combat commun pour la santé publique
Au-delà de leurs différences, radon et moisissures illustrent une même réalité : nos maisons respirent avec nous. Et lorsqu’elles s’étouffent, notre santé en pâtit.
Comprendre ces phénomènes, c’est aussi repenser notre rapport à l’habitat : plus isolé ne signifie pas plus sûr.
À l’heure où la qualité de l’air intérieur devient un enjeu de santé publique majeur, radon et moisissures rappellent qu’un air sain ne se voit pas, mais se construit — pas à pas, par la vigilance, la mesure et la prévention.